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GÉNÉRALITÉS :

 

Cette rubrique ne prétend pas être un cours de secourisme complet, mais j'ai essayé d'y décrire les gestes les plus important qui en cas d'urgence peuvent sauver la vie.

Les conditions décrites restent essentiellement dans le cadre de la croisière.

La pratique du secourisme consiste à donner les premiers soins à un accidenté en l'absence ou avant l'arrivée d'un médecin ou des secours officiels.

Des connaissances de secourisme peuvent être vitales dans tous les domaines sportifs et de la vie courante.

Le rôle du secouriste n'est pas celui de guérir (ça c'est celui du médecin), mais de maintenir opérationnelles les fonctions vitales de la victime et d'empêcher son état d'empirer jusqu'à la prise en charge par les secours médicaux. En général cette intervention est très rapide à terre, les pompiers ou le SAMU peuvent se rendre n'importe où très rapidement et disposent d'un équipement de réanimation suffisamment performant pour assurer le transport de la victime dans les meilleures conditions.

En mer tout devient différent. Une intervention des secours ne se compte plus en minutes comme à terre, mais en heures, voire en jours.

Le mauvais temps peut ralentir considérablement l'intervention d'une vedette, interdire toute possibilité d'hélitreuillage (ou du moins la compliquer sérieusement). Si la visibilité est mauvaise les secours peuvent mettre beaucoup plus de temps à vous trouver.

Il sera donc essentiel d'être capable de gérer soi-même les situations d'urgence (noyades, étouffements, hémorragies, etc...).

Il est bon de s'assurer avant d'embarquer qu'il y a à bord une pharmacie contenant le matériel de première urgence et qu'au moins une personne (généralement le chef de bord) est capable de l'utiliser.

Il est bien connu que le commandant sait s'y prendre pour amputer une jambe (et non pas...).

 

 

 

 

 

 

 

CONSIGNES PERMANENTES :

 

PAS

Afin de ne pas faire n'importe quoi dans le désordre, il faut absolument retenir la formule « Protéger Alerter Secourir » (PAS).

Ces trois phases de l’intervention doivent absolument être faites dans cet ordre.

Protéger : Consiste à éviter le sur-accident ou un deuxième accident provoqué par le premier.

On commencera par exemple par éloigner un brûlé de la source de chaleur qui le brûle, puis à éteindre les flammes qui seraient encore dans ses cheveux ou ses vêtements.

Si quelqu’un s’asphyxie, capelez la bouteille de plongée et le masque (les palmes ne sont pas nécessaires) ou bien ouvrez en grand les sabords et hublots de l’extérieur avant de descendre dans le carré vous asphyxier à deux.

Alerter : Ne jamais intervenir en solitaire, on prévient (le chef de bord ou n’importe qui d’autre) avant d’intervenir. Si par exemple vous essayez de remonter un « homme à la mer » alors que vous êtes seul dans le cockpit et tombiez aussi à l’eau, le reste de l’équipage dans le carré ou dans les cabines n’a rien vu, n’est au courant de rien et risque de mettre un certain temps avant de s’apercevoir qu’il manque 2 équipiers.

S’il faut prévenir les secours, une des personnes que vous avez alerté s’occupera de la VHF pendant que vous vous occuperez de la victime. Dans le cas du brûlé vu ci-dessus, c’est aussi une autre personne qui se chargera d’éteindre le feu du navire.

Secourir : Le sur-accident est évité, du monde a été alerté, tout va bien, vous pouvez traiter la victime.

Le bilan de la victime est très important car il permettra de définir les priorités d’intervention.

Par exemple un arrêt cardio-respiratoire est à traiter en priorité et sans perdre de temps, s'il y a aussi une entorse de la cheville, cette dernière attendra son tour.

Le bilan permet aussi de définir le plus exactement possible la nature des interventions à effectuer.

Les connaissances nécessaires pour faire correctement un bilan ne peuvent pas s'acquérir en lisant quelques lignes, la pratique et l'expérience sont indispensables.

 

Hygiène

Quelle que soit l'intervention à effectuer, il est indispensable avant toute action, de se laver les mains et de désinfecter les instruments que l’on sera amené à utiliser.

On utilisera le désinfectant trouvé dans la pharmacie du bord (alcool, Bétadine, ...). À défaut, le savon de Marseille est très efficace, et s'il n'y en a pas non plus, n'importe quel alcool (la bouteille de tafia du Capitaine par exemple) est toujours mieux que rien.

 

PLS

Dans tous les cas, si la victime est inconsciente ou a envie de vomir, elle doit être placée en Position Latérale de Sécurité (PLS) et faire l’objet d’une surveillance constante de ses fonctions vitales (rythmes cardiaque et respiration).

       

 

 

 

 

 

 

 

L’ÉTAT DE CHOC :

 

Définition :

 

Le terme de choc est bien souvent employé stupidement pour désigner tout et n’importe quoi.

Qu’appelons-nous état de choc ? 

Un état de choc c’est l’affaiblissement des fonctions vitales :

Irrégularité de la respiration, affaiblissement de l'amplitude du pouls avec accélération des battements (tachycardie ou arythmie), effondrement de la tension artérielle (difficile à contrôler avec les instruments de bord), froid, vertiges et prostration plus ou moins accentuée.

Son nom exact est : « perturbation circulatoire urgente et durable qui entraîne une souffrance viscérale et met en jeu le pronostic vital », OK, ça fait plus savant, mais je continuerai à dire : « état de choc ».

L’état de choc peut apparaître chez tout blessé grave.

Il se produit une détresse respiratoire au niveau de tous les tissus qui peut aboutir à la mort et qui survient immédiatement après l'accident ou après un temps de retard plus ou moins long.

L'état de choc est difficile à soigner et facile à retarder.

Il peut être provoqué par tout traumatisme violent de l'organisme (hémorragies, brûlures étendues, écrasements et fractures de membres, plaies de l'abdomen, de la tête, etc…).

L’état de choc peut provoquer la mort si l'on n'intervient pas rapidement.

Il s’aggrave rapidement avec le froid, la chaleur excessive, la prise d'alcool, l'absence de soins, le stress, les manipulations brutales et la douleur.

Le choc se développe plus facilement chez les vieillards que chez les jeunes, plus facilement aussi si la victime n'était déjà pas bien portante, débile ou tarée (et j’en connais !).

Il apparaît plus facilement avec la fatigue, le manque de sommeil et l’hypoglycémie.

Vous devez suspecter un état de choc si après l'accident, la victime devient somnolente, inerte, insensible à son état, détaché de tout ce qui l'entoure ou à l’inverse fait preuve d'agitation, d’euphorie ou d'angoisse.

 

Syndrome :

 

Visage couvert de sueurs froides surtout aux ailes du nez, aux lobes d'oreilles, au front.

Soif intense et troubles du comportement.

Pouls très rapide (100/mn ou plus) variable, filant.

Respiration rapide et superficielle (20/mn ou plus).

Sensation de froid et extrémités froides.

 

Conduite à tenir :

Arrêter la cause possible du choc :

Arrêter les hémorragies, immobiliser (je n'ai pas dit « réduire ») les fractures, etc..

Coucher la victime horizontalement sur le dos ou bien en PLS s'il est inconscient ou a envie de vomir.

La position semi-assise est préférable si la victime s'y sent confortablement installée.

Ne rien donner à boire.

Faciliter le jeu des défenses physiques et morales de son organisme en rassurant la victime.

Retirer ou couper tout vêtement (à la victime, pas au secouriste) pouvant gêner la circulation et la ventilation : cravate, ceinture, soutien-gorge, combinaison néoprène, etc…

Éviter le refroidissement (couverture, caban ou ciré).

Éviter à la victime toute souffrance morale ou physique, cachez-lui sa blessure.

Surveillance constante de ses fonctions vitales.

Si l’état s’aggrave,  ne pas hésiter à organiser l’évacuation de la victime.

 

 

 

 

 

 

LE MAL DE MER :

 

Si l'on a le mal de mer pendant une traversée, la croisière peut être gâchée. Non seulement pour celui qui en souffre, mais aussi pour ceux qui ont à éviter les « fusées » et qui doivent nettoyer les dégâts. Sachez le prévenir avant de le guérir plutôt que le subir .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RANIMATION :

 

Attention, nous traiterons succinctement ici de la RAnimation, mais nous n’aborderons pas la RÉAnimation.

Si la respiration est arrêtée ne pas chercher le rythme cardiaque (sauf si l'on a la formation et l'expérience pour trouver un pouls instantanément) car le temps perdu à cela risque d'ôter toutes chances d'être ranimé à la victime.

On commence la ranimation immédiatement.

Une ranimation ne doit jamais être arrêtée (ni même interrompue) jusqu'à la reprise normale des rythmes respiratoire et cardiaque. Même si l'on pense que c'est trop tard il y a de fortes chances que l'on se trompe, donc on continue la ranimation jusqu'à ce que l'équipe médicale alertée prenne le relais. Si le secouriste est fatigué, il se fera relayer par une autre personne.

Nous verrons ici la ranimation par respiration artificielle, le bouche à bouche.

La ranimation est plus efficace quand on peut alterner 2 insufflations avec 30 MCE (Massage Cardiaque Externe) au rythme de 100 à 120 par minute, ou mieux si une seconde personne pratique le MCE en même temps que la première pratique la respiration artificielle.

Ça s'appelle aussi la RCA (Ranimation Cardio-Pulmonaire), car on agit à la fois sur le cœur et les poumons.

 

L'évolution actuelle des méthodes de secourisme tend à mettre tous les efforts dans le massage cardiaque et à abandonner petit à petit les insufflations. En effet, le geste servant à masser le cœur comprime aussi partiellement les poumons provoquant une certaine ventilation.

La compétence à pratiquer le MCE ne peut pas s'acquérir en lisant un cours théorique, mais avec des exercices pratiques et de l'expérience. Si vous avez l'un et l'autre alors vous savez quoi faire, sinon n'essayez pas, ça pourrait tourner au massacre.

 

Méthode :

Très rapidement, ouvrir (ou couper) la chemise à la victime et lui retirer (ou couper) tout vêtement pouvant gêner la ventilation : col roulé, cravate, soutien-gorge, combinaison néoprène, etc…

Basculer sa tête en arrière de façon à mettre la gorge en extension, ce qui ouvrira la glotte de façon à envoyer l'air que l'on insufflera dans les poumons et non pas dans l'estomac.

Cette position de la tête devra être maintenue pendant toute la ranimation. On peut glisser sous la nuque et la base des épaules de la victime un vêtement roulé, ce qui aidera à maintenir sa tête dans la bonne position.

Lui ouvrir la bouche et retirer avec le doigt tout ce qui pourrait éventuellement gêner le passage de l'air (principalement si la victime a vomi).

Appliquer sa bouche sur celle de la victime et commencer par une ou deux insufflations violentes afin de dégager d'éventuelles mucosités.

Ensuite pratiquer des insufflations au rythme régulier d'une toutes les 3 ou 4 secondes.

Pendant l'insufflation garder la joue appuyée contre les narines de la victime afin d'empêcher l'air de sortir (on peut aussi lui pincer le nez comme sur le dessin ci-dessous) et garder un œil sur sa poitrine afin de s'assurer que l'on gonfle bien les poumons et pas l'estomac (la victime est déjà assez mal en point pour ne pas risquer de lui coller en plus de l'aérophagie).

  

Le défibrillateur :

Maintenant on en voit un peu partout, mais à quoi ça sert ?

Dans les films, il suffit de placer les électrodes, un toubib crie « Dégagez ! », un coup de jus … et hop ! Le cœur a redémarré !

Dans la réalité c’est ARCHI-FAUX.

Bien sûr on connaît toujours un secouriste qui a un copain qui connaît quelqu’un qui a entendu quelqu'un parler d’un cas où le cœur a été relancé avec un défibrillateur … peut-être, mais moi je n’en connais pas.

Le cœur est composé de muscles qui en fonctionnement normal pompent le sang afin de créer une circulation correcte. Voir ci-dessous le diagramme du haut.

Quand un cœur est en « fibrillation », le mouvement des muscles est anarchique, et n’assure plus son rôle de pompe. Le sang NE CIRCULE PLUS, ou presque plus. Et le cœur finira par s’arrêter complètement de lui-même au bout d’un certain temps. Voir ci-dessous le diagramme du bas.

 

Sans appareillage, le secouriste ne peut pas distinguer un cœur arrêté d’un cœur en fibrillation. Il va donc commencer le massage cardiaque.

Mais pendant que le cœur « fibrille », le massage cardiaque n’a aucune efficacité et n’aura une chance de faire repartir le cœur que quand celui-ci se sera arrêté de lui-même. Pendant tout ce temps perdu le cerveau n’était pas irrigué.

C’est là que le défibrillateur intervient.

Un défibrillateur arrête le cœur. C’est à ça que ça sert !

Le défibrillateur envoie une décharge comprise entre 1500 et 2000 V pour générer un choc de 360 J en moins de 12 ms qui stoppera la fibrillation.

Et enfin le massage cardiaque ou RCA (Ranimation Cardio-Pulmonaire) peut devenir efficace immédiatement.

Donc pour résumer : On arrête le cœur avec le défibrillateur et on tente de le faire repartir avec le massage cardiaque.

L’utilisation de cet appareil est très simple :

- On appuie sur le bouton « Marche ».

- On suit les instructions que l’appareil donne, car un défibrillateur parle !

Il vous demande de brancher les électrodes, il vous dit quand il faut vous écarter, quand il faut pratiquer la RCA (Ranimation Cardio-Pulmonaire), etc… Il dit tout. Il vous donnera même le rythme du massage cardiaque par un « bip-bip ».

Il est évident que si la victime est mouillée il faut la sécher avant d'appliquer les électrodes et aussi s'assurer qu'elle se trouve sur un support sec et non-métallique, sinon la décharge électrique pourrait toucher d'autres personnes.

Conclusion : Le massage cardiaque (MCE) est indispensable. C’est lui qui sert à faire redémarrer le cœur.

 

 

 

 

 

 

PLAIES :

 

Retirer les vêtements au-dessus de la blessure, sinon les découper.

Nettoyer avec un tampon de gaze imbibé d'eau stérile, de sérum physiologique ou avec de l'eau et du savon, retirer les corps étrangers avec la pince si nécessaire sauf si un objet (par exemple un clou) est profondément enfoncé. Dans ce cas on a affaire à une plaie grave.

Attention à l'eau de mer, elle a un effet antiseptique quand elle est propre et non polluée (éviter de la puiser dans le port ou à la sortie des égouts), mais aussi elle retarde la cicatrisation. Si l’on est obligé de l’utiliser, un rinçage méticuleux à l’eau douce sera nécessaire.

Désinfecter et protéger la plaie avec un pansement (gaze et sparadrap).

Surveiller la plaie périodiquement et changer le pansement. Éviter de mettre la blessure au contact de l'eau de mer.

En règle générale le risque de Tétanos est minime dans le cas des plaies faites en mer, mais il n'est pas nul. Il est donc recommandé, si ses vaccins ne sont pas à jour, ou si l'on a un doute, de lui faire injecter un sérum antitétanique au premier port.

Plaies graves : Si la plaie est très étendue ou très profonde, située à l'œil, aux orifices naturels, organes sexuels, articulations, avec corps étrangers non retirables (le secouriste ne doit jamais essayer de retirer ce qui est planté dans l'œil), ne pas toucher, ne pas nettoyer, ne pas désinfecter, se contenter de l'emballer avec une compresse stérile (sans trop serrer en cas de corps étrangers qu'on risquerait d'enfoncer).

Éviter l’état de choc.

Si la blessure est à l’œil, le pansement doit absolument couvrir les 2 yeux. En effet, il est important que l'œil blessé reste immobile. Comme les deux yeux bougent en même temps, si la victime garde l'usage de son œil valide elle le bougera, donc fera bouger l'œil blessé.

Se diriger immédiatement vers un port permettant d'accéder à des soins médicaux si l'on peut le faire en quelques heures, sinon organiser l'évacuation de la victime.

Si la plaie est à l’abdomen ou au thorax, il y a risque d’hémorragie.

Ne jamais retirer les corps étrangers de ces blessures.

Si un espar quelconque est planté dans la victime, le couper ou le scier afin de dégager la victime sans jamais retirer la partie enfoncée dans le corps.

Pour une plaie à l’abdomen, allonger la victime avec les jambes fléchies, pour une plaie au thorax mettre la victime en position semi-assise ou tout autre position où elle se sentira le mieux.

Protéger la plaie avec une compresse stérile.

Rassurer la victime et surveiller ses fonctions vitales.

Évacuation urgente.

 

 

 

 

 

 

 

BRÛLURES :

 

Définitions :

1er degré    : La brûlure est superficielle, la peau est rouge et peut peler.

2éme degré : La brûlure est plus profonde et très douloureuse, il y a des cloques.

3éme degré : La brûlure est encore plus profonde, les chairs sont détruites (carbonisées), dans les cas les plus graves le muscle et parfois l’os est atteint. Elle est souvent moins douloureuse que la brûlure au 2éme degré car les terminaisons nerveuses sont détruites.

Gravité : La gravité d’une brûlure dépend avant tout de son étendue et de sa localisation.

En effet, un coup de soleil (1er degré) sur une grande surface du corps peut être beaucoup plus grave qu’une simple brûlure de cigarette (3ème degré).

Une brûlure au 2ème degré doit être considérée comme grave si elle a une surface supérieure à la main.

Les parties du corps les plus précieuses sur lesquelles les brûlures sont considérées comme  graves sont généralement les parties découvertes comme le visage et les mains, mais aussi tous les orifices naturels et les parties sexuelles en raison de la facilités avec laquelle ces parties peuvent s’infecter.

 

Conduite à tenir :

Pour le cas particulier des brûlures par produit chimique (l’acide des batteries par exemple) il faut, très rapidement, laver à grande eau pendant et après le déshabillage de la victime jusqu’à disparition du moindre picotement.

Un plongeon (toutes mesures de sécurités en place et avec l'accord du chef de bord) est l'idéal. On ne retirera ses vêtements qu'une fois dans l'eau et on y restera le temps nécessaire à la disparition totale de tout picotement. Si à la sortie de l'eau la victime présente des plaies, rougeurs ou autres traces de brûlures chimiques, il faudra les rincer méticuleusement à l'eau douce. Cette méthode (si les conditions permettent un plongeon en toute sécurité) est à envisager en priorité dans tous les cas où les réserves de bord ne permettent pas de se doucher à l'eau douce pendant au moins 10 minutes (une vraie douche, pas un goutte-à goutte ou un petit filet d'eau).

Pour les brûlures dues à la chaleur, commencer par refroidir à l’eau pure pendant au moins cinq minutes. Un arrosage à grande eau est l’idéal à condition bien sûr que la réserve d ‘eau douce du bord le permette. Si l’on est obligé d’utiliser de l'eau de mer (propre et non polluée), un rinçage méticuleux à l’eau douce sera nécessaire. La méthode du plongeon décrite ci-dessus est dans ce cas-là aussi très efficace.

Ne pas soulever de poussière et ne pas respirer au-dessus de la brûlure tant qu’elle n’est pas isolée.

Ne pas retirer la partie éventuelle des vêtements qui serait collée à la brûlure, mais découper autour. Enlever les vêtements qui ne sont pas collés.

Dans le cas d’une brûlure de la main, retirer (ou couper à la pince) très rapidement bagues et bracelets avant l’apparition du gonflement provoqué par l’œdème.

N’utiliser ni pommade ni autre louzou, isoler simplement la brûlure avec une compresse stérile.

Éviter l’état de choc qui en cas de brûlure grave peut être aggravé par  la perte de plasma et entraîner la mort en moins de 48 heures.

Immobiliser la partie brûlée (bras en écharpe par exemple) pour limiter la douleur.

En cas de brûlure grave une évacuation peut être nécessaire.

 

 

 

 

 

 

 

HÉMORRAGIES :

 

Définition :

 

Il y a trois sortes d’hémorragies : Une hémorragie peut être externe (le sang s’écoule d’une blessure visible), interne (le sang s’écoule à l’intérieur du corps) ou extériorisée (le sang s’écoule par un orifice naturel : nez, oreille, etc…).

Dans tous les cas, la vie ou la mort peut être une question de minutes.

Sauf en cas d’hémorragie peu importante et vite arrêtée, l’évacuation de la victime sera nécessaire.

 

Hémorragie externe – Conduite à tenir :

 

Retirer ou couper les vêtements si nécessaire afin de localiser l’endroit exact de l’écoulement du sang.

Retirer éventuellement les corps étrangers de la blessure (voir plaies).

Inutile de désinfecter, l'écoulement de sang s'en est chargé.

Appliquer un pansement compressif suffisamment serré mais sans excès. Si ça ne suffit pas, on peut en rajouter d’autres par-dessus (sans enlever le premier pour ne pas arracher le caillot en formation).

Éviter l’état de choc.

Généralement le pansement compressif est suffisant pour arrêter une hémorragie, mais dans les cas plus graves (hémorragies artérielles) on peut être amené à faire un point de compression.

Le point de compression doit être exécuté sur une artère en amont (par rapport au cœur) de l’hémorragie.

Les principaux points de compression à connaître sont : La carotide, l’artère sous-clavière et l’artère fémorale.

 

     

 

Si la victime est consciente et les a suffisamment bien accrochées (les tripes bien sûr) elle pourra maintenir elle-même le point de compression (pas trop longtemps quand même) afin de libérer de temps en temps le secouriste.

Le point de compression devra être maintenu jusqu’à la prise en charge médicale. Une compression sur la carotide doit être envisagée en dernière extrémité à cause des risques liés à une mauvaise irrigation du cerveau (je sais, il y en a certains à bord sur lesquels ça ne changerait pas grand chose, mais à éviter quand même).

Dans les cas extrêmes ou rien de ce qui précède n’est efficace (membre coupé par exemple), on peut avoir recours au garrot.

Le garrot doit être fait le plus près possible de l’hémorragie car toutes les chairs en aval vont très vite se nécroser : Risque de gangrène.

Couvrir la victime tout en laissant le membre garrotté découvert et parfaitement visible et lui placer autour du cou une pancarte comportant de façon très lisible « Heure du garrot   __h__ ».

Malgré une rumeur encore trop vivace affirmant qu'un garrot doit être desserré à intervalle régulier, il ne faut jamais desserrer un garrot car ça peut provoquer la mort subite de la victime.

La nécessité d’une évacuation d’urgence est évidente.

Un doigt (ou un membre) coupé a des chances de pouvoir être regreffé à l’hôpital s’il a été conservé dans de bonnes conditions. Le mettre dans un sac plastique bien fermé pour éviter tout contact et le conserver dans le réfrigérateur ou la glacière du bord.

 

Hémorragie interne – Conduite à tenir :

 

Il y en a de bénignes comme une ecchymose (un bleu) ou un hématome (une bosse) et d'autres qui sont très graves.

Dans le cas d’hémorragies internes graves, le syndrome est souvent : Pâleur, transpiration abondante, extrémités froides, pouls rapide et filant, étouffement, essoufflement, anxiété, bourdonnements d’oreille, soif intense, troubles de la vue (petit air de ressemblance avec l’état de choc, non ?).

Ça ressemble tellement à l’état de choc que la conduite à tenir du secouriste devra être exactement la même.

Les minutes sont précieuses, un hélitreuillage doit être réclamé d’urgence au CROSS par VHF.

 

Hémorragie extériorisée – Conduite à tenir :

 

La conduite à tenir est différente suivant l’orifice en cause.

 

Nez

Si elle est spontanée ou provoquée par un coup sur le nez, dégager les vêtements pouvant nuire à la respiration et faire asseoir la victime la tête penchée en avant (donc côté contre-gîte), un doigt comprimant la narine en évitant de se moucher et en respirant par la bouche pour éviter d’avaler du sang. Tenir la pose au moins 10 minutes.

Si l’hémorragie nasale survient dans des conditions pouvant laisser supposer une fracture du crâne, évacuation d’urgence.

 

Oreille

Sauf en cas de blessure évidente et visible de l’oreille externe (y compris le tympan), il faut suspecter une fracture du crâne, donc évacuation d’urgence.

 

Bouche

-  Des vomissements de sang noirâtre auquel peuvent être mêlé des débris alimentaires sont le syndrome d’une affection du système digestif (tractus pharyngo-œsophagien ou estomac).

   Placer la victime en PLS.

-  Des crachements de sang (en caillots) sont le syndrome d’une affection pulmonaire.

   Placer la victime en position semi-assise.

Dans les deux cas, la victime ne doit rien boire ni manger et être évacuée.

Suivant le degré de gravité, le chef de bord aura à apprécier l’urgence de l’évacuation, depuis les hémorragies moins graves où le navire se dirigera vers un port, jusqu'aux très graves où un hélitreuillage peut être nécessaire.

 

Hématome Oculaire

Ça s’appelle aussi un œil au beurre noir.

Tous les degrés de gravité sont possibles, depuis le petit coup dans l’œil, qu’on guérit tout simplement avec une compresse humide ou une poche de glace, jusqu’au choc très important où une lésion de l’œil et peut-être même une fracture du crâne sont à redouter.

En cas de doute ne pas hésiter à consulter un médecin à la première escale ou à se mettre en liaison VHF avec un hôpital.

 

Anus, Voies Urinaires et Génitales

En général les écoulements de sang sont de faible abondance et la consultation médicale (absolument indispensable) peut attendre quelques jours.

Mais en cas d’abondance de l’écoulement, l’évacuation peut devenir urgente, coucher la victime sur le dos en attendant les secours et ne rien lui donner à boire.

 

 

 

 

 

 

 

OBSTRUCTION VOIES AÉRIENNES

 

Les causes sont très variées, mais le plus souvent il s’agit d’un aliment qui s'est coincé (soit en essayant d’entrer, soit en essayant de sortir) au fond de la gorge à l’entrée de la trachée.

Commencer par appliquer quatre à cinq claques sèches (avec le plat de la main) dans le dos de la victime juste entre les deux omoplates tout en maintenant l'autre main appliquée fermement sur son abdomen.

Si c'est inefficace, on utilisera la méthode de Heimlich qui consiste en une vigoureuse poussée sur le ventre destinée à faire remonter brutalement le diaphragme. La pression de l’air expiré est suffisante pour évacuer l’obstacle. La victime peut être assise ou debout. Répéter la manœuvre autant de fois que nécessaire.

 

  

 

Si l’obstruction est causée par un œdème (piqûre d’insecte par exemple), soit vous pouvez intuber la victime avant que l’œdème ne soit trop gros, soit c’est trop tard, alors il ne reste que la trachéotomie qui n’est pas à la portée d’un secouriste. N’essayez pas, ça serait le meilleur moyen d'achever la victime et, beaucoup plus grave, de mettre du sang partout dans le navire.

Hélitreuillage urgent.

Vous pouvez aussi essayer de faire des offrandes à Poseïdon … De toute façon une guêpe n’a rien à faire en pleine mer. Elle n’est pas chez elle. C'est elle qui a tort.

 

 

 

 

 

 

 

NOYADE

 

Noyé bleu ou blanc :

Même un excellent nageur n’est pas à l’abri d’une noyade. Un équipier peut passer par-dessus bord après avoir reçu un coup de bôme sur la tête (à la suite d’un empannage sauvage), d’où l’intérêt du gilet de sauvetage ou du harnais quand il y a risque.

On dira qu’un noyé est blanc (noyade primaire) s’il a fait une syncope au moment de la noyade. Ses fonctions vitales se sont arrêtées, il ne s’est pas débattu, n’a pas essayé de remonter et a coulé à pic. Il n’a plus respiré, il a été victime d'une anoxie, souvent il est en arrêt cardiaque, il n’y a pas d’eau dans les poumons, il est blanc comme si on l’avait vidé de son sang.

On dira qu’un noyé est bleu (noyade secondaire) si l’eau n’est pas entrée tout de suite dans ses poumons, un réflexe d’apnée a bloqué sa respiration. En général, il se débat et lutte avant de couler. Il s’asphyxie avec son propre gaz carbonique (hypercapnie) d’où la couleur bleue. Au bout d’un certain temps, la glotte s’ouvre de nouveau et l’eau entre. La victime, une fois sortie de l’eau a à la bouche de la spume (mélange d’air et d’eau), écume blanche parfois teintée de sang. Il a certainement aussi les poumons pleins de spume.

Les chances de ranimation d'un noyé blanc (noyé primaire) sont beaucoup plus importantes que celles d'un noyé bleu (noyé secondaire).

 

Eau douce - Eau salée :

Le sang contient environ 7 g de sel par litre. L’eau de mer en contient en moyenne 30 g par litre. L’eau douce pas du tout (ou très peu).

La physique démontre que quand 2 liquides sont en présence de part et d'autre d'une paroi poreuse, le liquide le plus salé « pompe » le liquide le moins salé. C'est l'osmose.

Quand de l’eau est rentrée dans les poumons, de l’autre côté de la paroi des alvéoles (qui est poreuse) il y a le sang.

Si l’on a de l’eau douce dans les poumons, elle sera pompée et rentrera dans le sang, donc augmentation de la masse sanguine.

L'entrée d'eau douce dans le sang est très rapide, la masse sanguine a vite fait de doubler.

L'eau détruit les globules rouges qui ne peuvent plus assurer leurs fonctions. C’est l’hémolyse qui conduit à l’asphyxie.

La tension veineuse devient trop importante, le cœur entre en fibrillation puis s’arrête.

Après 3 minutes, les chances de ranimation sont quasi-nulles.

Si l’on a de l’eau de mer dans les poumons, elle pompera le sérum du sang qui ira dans les poumons, donc diminution de la masse sanguine. Le risque d’œdème pulmonaire est plus grand qu’avec l’eau douce, par contre les globules rouges sont intacts.

Pendant les 3 premières minutes les chances de ranimation sont excellentes, au bout de 15 minutes les chances de ranimation deviennent très faibles puis ensuite quasi-nulles.

Cas particulier des piscines à l’eau salée : Si le taux de sel dans la piscine est de 8 à 9 g/l, on est dans le cas idéal où les chances de ranimation resteront très bonnes pendant beaucoup plus de temps.

 

Conduite à tenir :

Sortir la victime de l’eau.

Si la victime est consciente, on peut lui donner une boisson chaude sans alcool.

Si la victime est inconsciente mais respire normalement, PLS avec surveillance permanente de ses fonctions vitales.

Si la victime ne respire plus, ranimation immédiate avant toute autre chose. Une autre personne s’occupera de lui éviter l'hypothermie.

Afin d’éviter l'hypothermie de la victime, lui faire mettre des vêtements secs ou à défaut une couverture, un caban ou ciré ou n’importe quoi d’autre pourvu qu’elle ne conserve pas ses vêtements mouillés et n’ai pas froid.

 

Dans tous les cas, même si la victime se sent en pleine forme, la consultation d’un médecin est indispensable le jour même. Un œdème pulmonaire a pu se former sans syndrome visible et risque d’entraîner la mort en quelques heures et même jusqu'à 48 heures plus tard.

 

 

 

 

 

 

HYDROCUTION :

 

Mécanisme :

En fonctionnement normal, le cœur alimente en priorité les parties nobles (cœur, cerveau, foie,…) afin d’assurer les fonctions vitales, c’est pourquoi quand quelqu’un est victime du froid ce sont ses extrémités (mains, pieds,…) qui gèlent en premier.

Si vous avez la peau très chaude (longue exposition au soleil par exemple) et plongez brutalement dans l'eau, la différence de température peut être très grande, la périphérie de l’organisme réclamera alors une grande quantité de sang pour maintenir sa température.

Si vous avez une activité sportive normale et êtes en bonne santé votre cœur sera capable de répondre à la demande. Si vous avez une mauvaise condition physique, êtes sujets aux essoufflements, trop gros, le cœur ne pourra pas fournir assez et les parties nobles seront lésées. Si vous êtes en pleine digestion à ce moment-là, le besoin important en sang du foie aggravera le risque de léser les autres parties nobles. C’est de là que vient l’ancienne croyance qui voulait que l’on attende 3 heures après le repas pour se baigner.

Tout ceci définit le risque d’être victime d’un choc thermo-différentiel communément appelé hydrocution.

Une hydrocution peut survenir même après être sorti de l’eau ou sous la douche.

 

Signes avant-coureurs :

Certains signes peuvent vous prévenir que l’hydrocution est proche :

Urticaire, sensation de malaise, angoisse, migraine, douleur à la nuque, troubles de la vision, difficulté de coordination pour nager.

Ensuite c'est la perte de connaissance.

 

Conduite à tenir :

Sortir la victime de l’eau.

Si la victime est consciente, la rassurer pour diminuer son angoisse. On peut lui donner une boisson chaude sans alcool.

Si la victime est inconsciente mais respire normalement, PLS avec surveillance permanente de ses fonctions vitales.

Si la victime ne respire plus, ranimation immédiate avant toute autre chose. Une autre personne s’occupera de lui éviter l'hypothermie.

Afin d’éviter l'hypothermie de la victime, lui faire mettre des vêtements secs ou à défaut une couverture, un caban ou ciré ou n’importe quoi d’autre pourvu qu’elle ne conserve pas ses vêtements mouillés et n’ait pas froid.

 

 

 

 

 

 

 

MORSURES DE SERPENT :

 

Si ça arrive à bord, il y a de grandes chances pour qu’il s’agisse d’un de ces serpents de mer dont la littérature mythologique est pleine.

Ils sont, dit-on, très féroces et ne se contenteront pas de mordre un équipier, ils dévoreront le navire et son équipage y compris le secouriste. Dons plus de souci à se faire.

Si ça arrive à terre, donc au cours d’une escale, ce n'est plus sous la responsabilité du chef de bord et je pourrais vous dire débrouillez-vous mais ça irait à l'encontre de la réputation de solidarité des Marins.

Il faut savoir que le seul serpent venimeux sur nos côtes est la vipère.

Ne pas perdre du temps à chercher de symptômes, car ils surviendront entre 30 minutes et 3 heures après la morsure.

Allonger et immobiliser le plus possible la victime afin d’éviter au maximum tout mouvement qui en accroissant la circulation sanguine aiderait le venin à se répandre dans l’organisme.

En aucun cas n'injecter de sérum antivenimeux soi-même, le risque couru en cas d’erreur ou d’allergie est supérieur à celui que fait courir le venin.

Se mettre immédiatement en contact avec des secours médicalisés et prendre toutes dispositions pour une évacuation. La victime devra être hospitalisée au plus vite et surveillée pendant au moins six heures.

Si vous pouvez rapporter le serpent (mort bien sûr) à condition de pouvoir le tuer sans aucun risque, ça peut aider le médecin à choisir le sérum approprié.

Rassurer la victime : toutes les piqûres de vipère ne sont pas forcément dangereuses car le venin n’est pas systématiquement injecté. Le venin ne tue en France que dans un cas sur mille.

Ne surtout pas mettre de garrot.

Ça n’aurait pour seul effet que de bloquer la circulation du sang, augmentant donc l’œdème au niveau de la morsure. Les chairs non irriguées par le sang noircissent et meurent causant des lésions irréversibles.

Enlever ou couper au niveau de la morsure tous vêtements, bagues, bracelets, qui pourraient faire garrot, et laisser la victime au repos complet en attendant les secours.

Bander le membre mordu de bas en haut, afin d’éviter au venin de se diffuser en prenant garde à ne pas le comprimer (risque d’effet garrot). On doit pouvoir passer un doigt entre la peau et le bandage.

Désinfecter la morsure en évitant tout produit alcoolisé ou à base d’éther qui ne feraient que favoriser la diffusion du venin. Si l'on en a pas, ou si on a des doutes sur le désinfectant contenu dans la pharmacie de bord, on utilisera du savon (de Marseille de préférence).

Si votre frigidaire de bord vous le permet, mettre une poche de glace sur la morsure. Ça calme la douleur et retarde la formation de l’œdème.

Si l’on possède dans la pharmacie de bord un aspi-venin, c’est le moment de le rentabiliser, si ça ne fait pas de bien (car quasi-inefficace), ça ne peut pas faire de mal, mais surtout ne pas inciser la plaie, ça aggraverait la situation.

Ne pas essayer de sucer la morsure, surtout si je suis présent, car j’ai horreur des tentatives de suicide à mon bord et je peux même devenir méchant.

Si la victime a soif, lui donner à boire en évitant toute boisson alcoolisée ou excitante (thé, café, viagra,…) qui en accélérant le rythme cardiaque favoriserait la diffusion du venin.

 

 

 

 

 

 

 

FOULURES, ENTORSES, LUXATIONS ET FRACTURES :

 

Généralités :

Il est souvent difficile sans l'équipement et les compétences appropriés de faire la différence entre une entorse et une fracture (on peut avoir les deux à la fois) et même avec une luxation, une entorse peut passer pour une foulure, donc éviter les diagnostics hâtifs.

La luxation (déboîtement de l’os) de l’épaule est la plus fréquente et assez facile à reconnaître à la déformation de l’épaule.

 

Conduite à tenir :

Éliminons tous de suite le cas de fractures bénignes genre doigt ou orteil qu'on peut immobiliser en l'attachant au sparadrap au doigt d'à côté (À condition bien sûr que cette fracture ait été jugée bénigne par une personne en ayant les compétences).

Dans les autres cas, ne pas tenter de réduire une fracture ou une luxation soi-même.

Certaines luxations et fractures (surtout ouvertes) nécessitent une évacuation rapide de la victime. Pour d’autres plus bénignes et pour les entorses et foulures il n’y a pas urgence absolue, ça peut attendre la prochaine escale.

Installer la victime confortablement de façon à lui éviter au maximum les chocs et secousses sur la partie lésée.

Immobiliser le membre atteint avec une écharpe (pour les bras), des atèles si nécessaire. Il est important que le membre blessé ne bouge pas.

Si l’on en a la possibilité, appliquer une poche de glace pour diminuer la douleur et réduire l’hématome.

Une fracture de la cuisse doit toujours être considérée comme grave à cause du risque d’hémorragie interne. Une fracture ouverte (plaie au niveau de la fracture, os visible ou non) est aussi un cas grave où l’on sera peut-être aussi amené à arrêter une hémorragie externe.

Protéger une fracture ouverte avec un linge stérile.

Si la nature du choc ou certains symptômes (fourmillement des membres, paralysie totale ou partielle, perte de sensibilité d'un membre) laissent soupçonner une atteinte vertébrale il faudra immobiliser la victime de façon à ce que l’axe « cou-tête-tronc » reste absolument immobile.

Dans les cas graves cités ci-dessus il convient d’organiser l’évacuation de la victime sans délai.

Une surveillance de ses fonctions vitale est souhaitable.

Dans les cas graves où une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire, ne rien donner à manger ou à boire à la victime.

Attention, les luxations répétées mènent à la fêlure (et non pas...).

 

 

 

 

 

 

 

ÉVACUATION

 

L’alerte a été donnée correctement par VHF, on n’a pas oublié de signaler la nature de l’accident et des blessures, l’estimation de leur gravité et le nombre de victimes. On a aussi décrit tous les éventuels soins d’urgences qui ont été appliqués.

Voir le cours sur l'utilisation de la VHF, procédure d'urgence « PAN-PAN ». Ce N'EST PAS un « MAYDAY ».

Un dialogue a eu lieu avec un médecin. La décision est prise. La gravité des blessures ou les risques de complication exigent une évacuation urgente de la victime. Le type d'évacuation (ambulance après arrivée au port, transbordement sur navire de la SNSM ou évacuation par hélicoptère) a été décidé. Il ne s’agira pas de louper cette manœuvre au risque de provoquer d’autres victimes (surtout par mauvais temps) ou d’aggraver l’état du blessé.

 

Évacuation par bateau :

C’est en général un navire de la SNSM qui interviendra (dans certain cas un navire de la Royale peut être amené à le faire). La SNSM dispose de navires allant du hors-bord 30 CV pneumatique aux puissants « Canots Tout Temps » de 26 tonnes et plus de 17 m totalement insubmersibles et auto-redressables, manœuvrant quel que soit l’état de la mer.

Ils seront donc toujours compétents pour intervenir. Si c’est possible rester au mouillage et leur laisser effectuer l’abordage eux-mêmes. Dans tous les cas, se conformer strictement aux indications qu’ils vous donneront par VHF, ou par tout autre moyen, pendant la manœuvre. Prendre, pendant le transbordement de la victime, toutes précautions afin de ne pas faire bouger ses éventuelles parties immobilisées et surtout de ne pas la faire tomber à l'eau, ou pire, entre les deux navires où elle pourrait se faire écraser.

 

Hélitreuillage :

C’est une manœuvre à risques pour le navire, pour l’hélicoptère, pour la victime, pour les sauveteurs, bref pour tout le monde.

Il est important d’avoir immobilisé ou rangé tous les espars mobiles (tangons, bôme, …), d’avoir évacué du pont ou solidement arrimé tout ce qui pourrait s’envoler avec le souffle du rotor (pas seulement la serviette qui sèche ou la casquette du capitaine mais aussi la porte du roof, les écoutes, etc…). Toutes les voiles sont affalées et solidement ferlées, toutes les drisses et autres manœuvres sont soigneusement raidies et tournées. Si possible retirer les antennes et pavillons. Garder, en route au moteur, une erre constante de préférence au vent debout.

Si le navire n’est pas manœuvrant sans voiles, le mouiller si c’est possible. S’il fait nuit, en plus des feux du navire, allumer les projecteurs de pont et de cockpit en prenant soin de ne pas éblouir l’équipage de l’hélicoptère. Dans tous les cas se conformer aux instructions des sauveteurs données par VHF, ou par tout autre moyen. Si les conditions de vent, de mer, et de taille du navire le permettent, l’hélitreuillage aura lieu depuis le cockpit ou la plage arrière pour les embarcations à moteur.

Mais pour les voiliers dans la plupart des cas il faudra embarquer la victime sur l’annexe gonflable qui sera amarrée à 10 ou 20 m à l’arrière du navire. L’hélicoptère enverra un bout lesté afin de guider la montée et la descente du treuil.

Ne jamais amarrer ce bout à une partie fixe du bateau. Il doit être tenu à la main, la sur-longueur lovée correctement sur le pont.

Généralement un des secouristes de l’hélicoptère commence par descendre afin de coordonner la manœuvre. Un médecin aussi si nécessaire.

Suivant les cas l’évacuation peut se faire par harnais, par filet ou par civière.

 

     

 

Note : Les photos d'hélitreuillage proviennent de documents de la SNSM.

 

 

 

 

 

 

 

C'EST TROP TARD

 

Si devant un accident grave vous êtes amenés à penser que c’est trop tard, qu’il n’y a plus rien à faire, VOUS AVEZ DES CHANCES DE VOUS TROMPER.

Il y a trois cas où un secouriste est capable de se prononcer avec certitude sur le décès d’une personne, si la tête est détachée du tronc, si le corps est totalement froid avec des signes de rigidité ou si corps est en état de décomposition avancé.

Dans tous les autres cas le secouriste n’a ni les moyens ni les compétences pour savoir si la personne est décédée ou non, seul un médecin le peut. Tant que la circulation sanguine est forcée par des moyens externes (MCE) et tant que l’organisme de la victime est oxygéné (bouche à bouche), rien n’est perdu et l’on ne doit jamais stopper la ranimation.

Si malheureusement et malgré tous les efforts du secouriste, cela arrivait, rassurez-vous, hors des eaux territoriales, le chef de bord est habilité à faire le nécessaire pour l'immersion du corps et ne subira pas trop de tracasseries administratives.

 

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