L A   V I E   À   B O R D

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L'AUTORITÉ

 

Aujourd'hui, la notion d’autorité à bord des navires de plaisance signifie seulement organisation et sécurité.

On est, aujourd’hui, loin de la discipline quasi-militaire qui a régné à une époque où le capitaine avait tous les droits.

La croisière devra rester un moment de liberté et de détente où tout le monde vivra comme il le désire sans toutefois empiéter sur la liberté des autres.

Certaines et certains préfèreront dormir quand d’autres iront fumer ou simplement discuter sur le pont, pour le bronzage et la baignade certaines et certains préfèreront la tenue d’Adam et Ève, d’autres le maillot de bain ou encore la tenue de plongée, il y en a qui voudront faire des vrais repas à heures fixes, d’autres qui grignoteront n’importe quoi n’importe quand, bref tout est permis tant que ça n’entrave pas à la liberté des autres, et surtout à la manœuvre et à la sécurité du navire.

Pour tout ce qui concerne la vie à bord, c’est la liberté complète, mais pour le navire il en va autrement.

Il y a sur le navire UN chef de bord. Il peut y en avoir plusieurs si à l’occasion de longues traversées, ou simplement par confort, ils ont envisagé de se relayer par quart. Il y a donc plusieurs chefs de quart possibles, mais UN SEUL à un instant donné.

Tous les équipiers doivent l'accepter librement avant le départ.

Si l’on veut remettre l’autorité du chef de quart en question, c’est avant l’embarquement et jamais au moment d’une manœuvre.

La sécurité du navire n’autorise pas les polémiques sur le bien fondé de la décision du chef de quart à propos de telle ou telle manœuvre ou telle ou telle route dans le feu de l’action.

Si l’on n’a pas confiance en lui pourquoi est-on à bord ?

Il est toujours facile de critiquer une manœuvre ou un comportement individuel, mais est-on assez compétent soi-même pour que cette critique ait la moindre valeur ? Serait-on capable d'en faire au moins autant ?

Celui qui critique pense donc qu'il aurait fait mieux lui-même. Pourquoi ne prend-il pas la responsabilité complète d'un navire ?

Un chef de quart peut enseigner à ceux qui le lui demandent.

Il peut expliquer à l’avance comment, en théorie, telle manœuvre se déroulera, mais il arrivera toujours un moment où au cours de la manœuvre réelle il décidera de procéder d’une façon différente. Il a ses raisons et pas forcément le temps de les exposer sur l'instant..

Ce n’est pas le moment de questionner, de polémiquer et de se plaindre que ce n’est pas ce qui était prévu. Pour le moment on agit suivant les consignes du chef de quart, les explications viendront ensuite, au calme.

Il peut arriver (heureusement rarement) que certains équipiers réclament des choses souvent absurdes à seule fin d’être rassurés.

Quand, par exemple, pendant un coup de tabac certains exigent à cor et à cri que le moteur soit lancé alors que le chef de quart a jugé que ça ne servirait à rien et qu’il y avait un risque important de casser l’hélice, donc de se retrouver privé de moteur au moment où on en aurait réellement besoin.

Le chef de quart se doit de rassurer l’équipage bien sûr, mais doit-il faire tout et n’importe quoi pour ça, même si ça augmente le niveau de risques ?

Certainement pas ! La sécurité du navire et de l’équipage est prioritaire sur les caprices de certains.

Ce n’est pas au chef de bord d’imposer la destination de la croisière ainsi que les escales et leur durée.

Tout ceci devra être décidé de façon collégiale tout en respectant les contraintes d’heures de marée, de renverse de courant, etc… exposées par le chef de bord.

Toutefois, il peut arriver qu’en cours de route, pour des raisons de météo par exemple, le chef de bord décide de changer de destination, de sauter une escale ou de la prolonger au-delà de la durée des congés que vous avez posés. Ce n’est jamais une décision gratuite de sa part.

Ce n’est pas une raison pour se mutiner, ça fait partie des risques liés aux aléas de la mer que tout le monde doit accepter avant d’embarquer.

 

 

 

 

 

 

LES CORVÉES

 

Nous ne naviguons pas sur un paquebot de luxe ni avec des employés (pour ça, il existe des formules de croisières, skipper et hôtesse compris).

Il y a de nombreuses choses à faire sur un navire.

Il y a bien sûr tous les calculs liés à l’estime et à la navigation, mais c’est en général un des chefs de quart ou un équipier qualifié qui s’en occupe.

Pendant les manœuvres, normalement tout le monde devra participer à la demande du chef de quart.

Il y a tout le reste. Personne n’aime faire la vaisselle, mais tout le monde aime manger avec des couverts propres. Personne n’aime nettoyer, mais il n’est pas agréable de vivre dans une poubelle puante.

Nous avons passé l’âge des tableaux de corvée remplis avec les noms des « volontaires » notés dans les cases.

Spontanément chacun devra apporter sa part aux travaux collectifs. Aussi bien les équipiers que les équipières devront participer aux tâches ménagères (somme toute assez réduites sur un navire), principalement la cuisine et la vaisselle.

Ne pas oublier que si on salit moins on aura moins à nettoyer. 

Certains chefs de bord n’apprécient pas toujours « la course au Pub » qui, aux escales, fait qu’aussitôt que le navire a touché le quai il se retrouve souvent tout seul pour régler l’amarrage, lover les bouts sur le pont, fermer les hublots et sabords, etc…

De même, au retour avant de rendre le navire, les documents administratifs (journal de bord,...) doivent être soigneusement remplis, l’inventaire vérifié, l'état de propreté du navire doit être irréprochable, le gréement doit être clair, drisses raidies (du moins suffisamment maintenues afin de ne pas claquer au vent), voiles bien ferlées, écoutes bien lovées, aussières lovées en glènes bien rangées dans les soutes, etc…

Un maximum de personnes est nécessaire pour accomplir toutes ces tâches. 

 

 

 

 

 

 

LES POULAINES

 

 

La saillie à l'avant des anciens navires à voiles portant la figure de proue s’appelle « La Poulaine ». Sur bâbord et tribord de la poulaine se trouvaient les lieux d’aisance de l’équipage, l’écoulement se faisant directement dans la mer.

Par extension, depuis, les WC Marins sont souvent appelés « Les poulaines ».

Sauf sur les navires de haut bord, les WC Marins ne fonctionnent pas du tout comme ceux qu’on trouve à terre.

 

Attention, danger !

Situées sous la ligne de flottaison, les poulaines réclament une grande prudence dans leur utilisation.  Il peut arriver que cet équipement fasse siphon, l'évacuation se transformant en entrée d'eau. On a vite fait de transformer le carré du navire en piscine.

Pour l'éviter, mieux vaut refermer les vannes après chaque utilisation (donc les ouvrir avant….).

Au moment de l’inventaire, il faut toujours vérifier le bon fonctionnement des poulaines.

 

Si vous avez un doute sur le bon fonctionnement des poulaines, prévenez le Chef de Bord.

N’utilisez jamais de produits agressifs pour le corps et les joints de pompe.

Si les poulaines sont bouchées, cessez immédiatement de pomper, vous risqueriez de comprimer encore plus les déchets et de casser une pièce de la pompe.

Pour la sécurité, fermez impérativement les vannes après utilisation.

C'est une véritable corvée de démonter une pompe de poulaine pour la déboucher, c’est pourquoi il est impératif de s’en servir correctement.

Il y a trois sortes de systèmes utilisés sur les navires :

 

 

Les poulaines à piston :

Ce sont les plus courantes.

Une pompe à piston à double action permet l'arrivée de l’eau de nettoyage et la vidange des eaux usée (et du reste…). On actionne la pompe manuellement.

Mode d’emploi :

Ouvrir la petite vanne pour l'arrivée d'eau et la grosse pour l'évacuation [1].

Il faut toujours qu’il y ait un peu d’eau au fond avant utilisation. Si ce n’est pas le cas, mettre la manette d’inversion sur la position « ouvert » [2] et pomper [3].

         

Remettez ensuite la manette en position « fermé ».

Éviter d'utiliser trop de papier à la fois.

Après utilisation, manette en position « fermé » [4],  pomper [5] pour vider la cuvette.

Une fois la cuvette vide, mettre la manette en position « ouvert » et pomper jusqu’à nettoyage complet.

Donner dix coups de pompe supplémentaires afin de s’assurer que tout le contenu du tuyau de sortie est bien arrivé à l'extérieur et que les tuyaux soient propres. Ça permettra en plus d’éviter les mauvaises odeurs.

Remettre la manette en position « fermé ».

Pompez pour vider la cuvette.

Fermez les vannes [6].

 

         

 

Les poulaines à dépression :

Plus confortables d’emploi mais plus chères, elles sont équipées d’une pompe à vide actionnée manuellement. Le vide créé par la pompe dans la cuvette, fermée hermétiquement, induit une dépression qui appelle l'arrivée d'eau et rince la cuvette.

Mode d’emploi :

Ouvrir les vannes d'entrée d'eau et d'évacuation.

Fermer le couvercle tout en appuyant dessus afin de maintenir l’étanchéité.

Pomper dix à douze coups jusqu'à entendre l'eau circuler.

Attendre 5 secondes pour laisser l'eau sale s'écouler vers l'extérieur.

Pomper à nouveau une dizaine de fois pour bien rincer tout le circuit.

Attendre 30 secondes que la pression redescende pour pouvoir ouvrir le couvercle.

Ne pas forcer pour ouvrir le couvercle plus tôt afin d’éviter de détruire le join d’étanchéité.

Ensuite, pomper couvercle ouvert, afin de vider l'eau restant dans la cuvette.

Fermer ensuite les deux vannes.

 

Les poulaines à pompe électrique :

On les trouve sur les gros navires. Ce sont plus faciles d’emploi, mais elles tirent trop sur les batteries pour permettre un usage permanent sur un navire qui ferait une traversée de longue durée sans jamais utiliser le moteur ou quand le navire a pris un mouillage de longue durée.

Mode d’emploi :

Il suffit d'appuyer sur un bouton et c’est tout…

 

CONSEILS :

Ne rien jeter dans la cuvette : tampons, cheveux, allumettes, mégots de cigarettes, équipier râleur, et encore moins la pipe du capitaine...

N'utiliser que du papier doux, à base de ouate de cellulose.

Il doit toujours y avoir de l'eau dans la cuvette avant son utilisation.

Pomper toujours plus longtemps que l'indique le fabricant pour bien rincer tout le circuit.

 

 

 

 

 

LA PROMISCUITÉ

 

À bord d’un navire la promiscuité est inévitable.

Afin d’éviter de vivre ces quelques jours dans une mauvaise ambiance il appartient à chacun de faire en sorte de rendre cette promiscuité supportable pour tout le monde.

Il n’est pas agréable de vivre plusieurs jours en compagnie de râleurs chroniques ni de personnes qui mettent du désordre partout.

Quelques règles simples peuvent rendre la vie à bord agréable pour tous.

 

- Ne pas gaspiller inutilement l’eau potable.

- La réserve d’eau chaude est très limitée, donc chaque fois que cela sera possible il est préférable de prendre sa douche à la Marina. Si on la prend à bord, il faut le faire rapidement et en utilisant le minimum d’eau chaude.

- Éviter de laisser  traîner ses affaires partout.

- L’intimité sera quasiment nulle. Il ne sera pas toujours facile, sauf si chacun dispose de sa cabine particulière, de demander à tout le monde de sortir ou de se retourner chaque fois que l’on change de vêtements.

  Et réciproquement les autres doivent s’abstenir de profiter de façon malsaine du spectacle.

- Rien n’est insonorisé à bord. Il convient donc d’éviter d’empêcher de dormir ceux qui ont sommeil.

  Il est de bon goût pour les couples de faire preuve d’un minimum de discrétion. Voir la rubrique.

- Un peu d’humour du genre envoyer un novice acheter un pavillon de brume ou vérifier la prise de terre des batteries est dans la tradition, mais il est à éviter de toujours s’acharner sur la même « tête de Turc ».

- Fumer dans le carré ou les cabines est très dangereux (voir « Incendie » dans la rubrique « Langage du Marin »), au port c’est possible à condition de ne gêner personne.

   La fumée dérange certaines personnes, on doit les respecter.

   Il est d’usage, avant de bourrer et d’allumer son « brûle-gueule » préféré de s’assurer que l’on ne dérange personne.

- Réciproquement, les non-fumeurs doivent s’abstenir de mener une chasse anti-fumeurs à l’américaine, très en vogue en ce moment chez nous, et devront accepter les fumeurs, quand ils sont à l’air libre, sans les harceler systématiquement. Chacun a droit à sa part de liberté.

- Les ours, les râleurs, les moqueurs chroniques et les critiqueurs ont vite fait de gâcher l’ambiance.

- La musique peut être quelque chose de très agréable, mais son exagération peut énerver certains. Ci-après un exemple : (Mettez la musique de fond en pause (barre de contrôle en haut de l'écran) avant de cliquer le lien suivant )  << Voir l'exemple >>.

 

La croisière devra être un  moment de détente et de bonne humeur pour tout le monde.

Cette liste n’est pas exhaustive, c’est à chacun de faire preuve de savoir-vivre et de respect envers les autres.

 

 

 

 

 

LES USAGES

 

Il y a de nombreux usages et coutumes liées à la vie à bord d'un navire.

Beaucoup sont aujourd’hui obsolètes. Certains sont toujours en vigueur dans La Royale et autres Marines de guerre, mais sont rarement utilisés et même connus dans la navigation de plaisance.

Certaines anciennes coutumes, toutefois, relèvent de la simple politesse et sont généralement appliquées dans tous les ports civilisés.

De nouvelles coutumes sont apparues avec la navigation moderne.

Nous ne parlerons ici que des principaux usages en vigueur aujourd’hui.

Sans mettre en cause la valeur des Marins Méditerranéens, car là-bas, comme partout, il y en a d’excellent de qui on a tout à apprendre, c’est au cours de mes rares navigations sur la côte d’Azur que j’ai rencontré un maximum de plaisanciers qui méprisaient totalement ces usages imposés partout ailleurs pour de simples raisons de savoir-vivre. À l'inverse, dans les eaux anglaises, il est très rare de constater des manquements aux usages de courtoisie.

 

Pour se mettre à couple d’autres navires dans un port :

 

- Ne jamais s’amarrer sur un navire plus petit que le sien. Il faudra  se placer entre lui et le quai (ou un navire plus gros).

- Si l’on est amené à larguer l’amarrage d’un autre navire (soit pour quitter le port, soit pour s’y mettre à poste) on doit être capable de le faire sans l’aide de l’équipage de l’autre navire (qui n’est pas forcément présent), et surtout on doit le ré-amarrer correctement et proprement.

- Quand l’équipage d’un autre navire veut déplacer le vôtre pour les mêmes raisons que ci-dessus, c’est son droit le plus absolu et quelle que soit l’heure, à condition qu’il le fasse correctement.

  Il tombe sous le bon sens que l'équipage du (ou des) navire déplacé devra aider à la manœuvre dans la mesure de ses moyens s'il est présent.

- Si l’on est à couple sur un ou plusieurs autres navires, il est conseillé de ne pas se contenter de quelques « gardes » sur le navire à couple, mais de rajouter des « traversières » amarrées au quai et disposées de façon à respecter l’accastillage des autres navires (ne pas passer contre l’antenne du GPS par exemple).

- Les équipages des navires ont toujours le droit de traverser les autres navires pour se rendre sur le quai ou en revenir, quelle que soit l’heure.

- Quand on traverse un autre navire, on doit toujours passer en avant du mât (ou de son emplacement fictif s’il s’agit d’un bateau à moteur), le cockpit étant un lieu strictement privé qu'il convient de respecter.

- On doit traverser les navires en silence et avec discrétion afin de ne déranger personne, et surtout on doit faire en sorte de ne pas laisser de marques de chaussures et autres traces sur son pont.

 

Au port (à couple ou non), sur un coffre d’avant-port ou au mouillage :

 

- Les navigateurs aiment souvent le calme, donc toujours s’assurer qu’on ne fait pas trop de bruit (musique, conversations très bruyantes et autres chansons à boire) même pendant la journée.

- Éviter d’enfumer et de gêner les autres en laissant tourner son moteur sous prétexte de recharger les batteries. Une petite ballade au large est préférable.

- Ne pas laisser traîner de détritus et autres poubelles n’importe où.

- Par simple politesse envers les autres, le pont de son navire doit être « clair », c’est à dire propre, voiles bien ferlées et écoutes lovées proprement.

- En règle générale, même au cours d’une simple promenade sur le quai, toujours aider aux manœuvres des aussières les navires qui entrent ou sortent.

 

En mer, au port ou n’importe où :

 

La mer n’est pas une poubelle, s’il est admis de passer par-dessus bord ce qui est recyclé par la mer ou par les poissons (os, restes de nourriture, …), il faut absolument éviter d’y jeter toutes sortes de cochonneries telles que les emballages en plastique ainsi que tout ce qui pollue.

À titre d'anectote, citons un célèbre Navigateur (OdK) qui aurait un jour déclaré qu’il ne comprenait pas que certains jettent à la mer sans scrupule un sac plastique qui mettra plus de 200 ans à se dégrader alors qu’ils auraient des scrupules à se débarrasser d’un équipier râleur ou d'un casse-pieds qui pourtant ne mettra que quelques jours à être recyclé par la mer.

 

Les pavillons :

 

- Le Pavillon National doit toujours être arboré sur un mât de poupe, du lever au coucher du soleil dans les ports, et à toute heure navire en route.

- Dans les eaux territoriales et les ports étrangers, on doit arborer à la flèche du hauban tribord le pavillon du pays visité, dit « pavillon de courtoisie ».

- Le hauban bâbord est disponible pour vos pavillons personnels et pavillons de club.

- On peut arborer le Grand Pavois au cours d’une fête à bord quand on est au port ou au mouillage, mais il est du plus mauvais goût de le conserver « en route ».

 

La priorité et la courtoisie :

 

- Il n’est pas vraiment nécessaire d’éperonner le petit voilier qui coupe votre route (suite à un « manque à virer » ou toute autre fausse manœuvre) tout en lui criant triomphalement : « Tribord Amure ».

- De même, il n’est pas très courtois (et peut même être dangereux) d’exiger sa priorité sur un navire qui visiblement aura du mal à manœuvrer pour vous éviter.

 

En conclusion, les usages des Marins tiennent en trois mots : Respect, Courtoisie et Entraide.

 

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